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Édition publiée le Mardi 10 Juin 2025
Mardi 29 Avril à Saint-Pol-sur-Ternoise, se tenait une plénière du Club Noé. Une plénière pour parler de notre rapport au travail – à partir d’une occasion bien particulière. La sortie d’une Bande Dessinée sur une trajectoire relevant de l’EFC (Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération) – celle de la ressourcerie ATRE, qui témoigne d’une véritable dynamique de transformation. Cette BD est une occasion remarquable de questionner nos modes d’organisation – en voici quelques extraits.
J’entends des bourdonnements derrière le mur de ma salle de bain. En tapotant le plâtre du plafond, tout s’agite de plus belle.
Des abeilles font leur nid dans ma toiture – pire encore, ce pourrait être des guêpes ou des frelons qui investissent mes combles.
J’appel au numéro d’une société habilitée à ce type d’intervention – des experts qui quelques jours plus tard viendront à mon secours. Comment vont-ils chasser la menace ? Cette lutte sera t-elle à mort ? La biodiversité j’y tiens – mais l’intégrité de mon foyer ?
Un professionnel se présente à ma porte – nous allons constater le ballet des insectes autour d’un endroit précis de ma toiture. Surprise – l’homme ne dégaine aucune arme de destruction massive. Il se réjouit en souriant – quels jolis bourdons !
Vous savez Monsieur j’ai été apiculteur. C’est ma passion – ça me ferait mal d’exterminer des bourdons dans cette situation.
Presque trente minutes de discussion plus tard, je comprends que les bourdons ne vont pas détériorer la structure de ma toiture – ne vont pas nous attaquer – ne représentent pas tant une menace et qu’il serait même plutôt opportun de les considérer comme des alliés. Mon jardin que j’envisage productif en fruits et légumes ne peut se passer de ces précieux pollinisateurs.
Et si l’on mange en terrasse – quelques mètres au dessous du point de passage de ma petite troupe de bourdons – ne vont-ils pas nous embêter ? Non – mais je dois vous avertir. Les bourdons aiment la bière. Manque de chance – moi aussi. Si jamais vous dégustez une bière en terrasse, laissez en éventuellement un petit verre sur le rebord de votre fenêtre, en haut juste là. Elles n’iront pas vous embêter si vous partager un peu de manière intelligente.
Je comprends que toutes les intuitions de cet homme sont fondées – au-delà de l’originalité de la démarche. Moi qui pensais assister à un massacre. Je prends confiance – il me rassure. À toutes les questions et les options qui me traversent – il argumente. Je perçois l’expérience de l’expert. Il n’est pas là pour exécuter la sentence. Il veille – il jauge – il ouvre la porte à l’hypothèse de chasser ces braves bourdons si j’insiste – mais d’abord, il explique. Dès Octobre ils ne seront plus là – avec un peu de chance l’année prochaine ils ne reviendront pas. À votre place je les laisserai tranquilles.
Problème – mon expert est un salarié et il est payé pour tuer. Il est engagé pour chasser – pas pour préserver.
Les bourdons enfin graciés de ma peine de mort – je m’étonne tout de même. Je ne vous dois rien ? Non – par contre je dois justifier mon déplacement. Si jamais – dites que vous avez réglé le problème avec d’autres prestataires qui sont déjà passés. Si ma hiérarchie comprends que je n’ai rien fait – je vais me faire taper sur les doigts.
Rien fait ? – me voilà rassuré que nous ne risquons rien – me voilà outillé pour vivre avec – me voilà conscient, positif et renseigné. Qu’est-ce que ça vaut ? Ce n’est vraiment rien du tout ? Cette compétence venue rencontrer ma problématique – ça ne compte pas ? Fallait-il tuer pour que j’y trouve de la valeur ?
Voilà le piège caricatural et pourtant concret de nos modèles économiques centrés sur la marchandisation. Puisque je n’ai pas dû acheter la marchandise – le traitement insecticide appliqué par la main du prestataire – ce n’est rien. C’est du temps perdu. Cela ne vaut rien. Soulagé de n’avoir rien payé – j’en ai pourtant été gêné – lui qui avait dû faire de nombreux kilomètres jusqu’à mon domicile.
Nos rapports économiques et sociaux se noient dans des petites et grandes injustices – j’ai trouvé celle-ci assez poétique. Parce qu’il n’a pas commis l’éradication – il risque le châtiment. Parce qu’il a pris soin – il a fauté. Au regard de la rentabilité de sa structure – il a commis le véritable crime – il n’a pas exécuter. Un déserteur de la guerre économique.
De toute façon mon patron pense arrêter de nous faire intervenir chez les particuliers. Puisque la politique c’est de nous rendre sur place pour établir un devis – on constate qu’il y a beaucoup trop de déplacements qui ne débouchent pas sur des interventions – au sens de l’éradication. Votre cas de figure n’est pas exceptionnel – je peux parfois passer plusieurs jours à me déplacer chez les gens sans jamais faire signer un devis.
L’avant-vente – quel sujet. Et si la grande part de la production de valeur résidait à ce moment précis ? À ce moment qui ne vaut rien – parce que c’est comme ça. Nous avons besoin de nouvelles manières de valoriser notre travail et son utilité. Nous avons besoin de nouveaux modèles économiques.
Maxime – animateur du Club Noé
Ce Vendredi 6 Juin 2025, se tenait l’Assemblée Générale de notre association – suivie de notre plénière animée autour des enjeux d’adhésion.
À la suite de l’exposition et la validation du rapport moral de l’année. Après examen des rapports et comptes annuels pour l’exercice écoulé – nous avons vécu un moment fort dans la vie de notre association et dans les relations que nous entretenons avec nos adhérents : l’annonce de notre situation économique sous tension – le partage de nos difficultés à maintenir notre structure – l’incertitude à l’idée de pouvoir sauver le Club Noé des périples de la santé de ses finances. L’élan d’enthousiasme et de solidarité que notre assemblée d’une quarantaine d’adhérents et partenaires a pu nous renvoyer aura su nous motiver.
D’autant plus enrichissant, la plénière qui s’en ait suivi a été une véritable réussite. Pas tant sur le nombre de participants – une vingtaine de personnes (ce qui est bien en dessous de nos habitudes en termes de mobilisation) – mais à propos de la qualité des témoignages. Une restitution vidéo à venir vous permettra de ne rien manquer de ces prises de parole.
Le Club Démarche Verte accompagne depuis 2019 des entreprises dans leurs transitions écologiques. Un terreau particulièrement favorable pour développer notre sujet – l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC). Telle fut l’accroche de notre intervention du Mardi 13 Mai dernier à Valencienne – devant une cinquantaine de dirigeant.es déjeunant à notre écoute.
Avec notre co-président Benjamin Dequevauviller – de l’agence numérique Les Fabricants – nous avons pu démontrer l’intérêt de cette grille de lecture qu’est l’EFC pour expérimenter un développement économique profondément durable. Nous espérons que cette rencontre puisse être le point de départ d’une véritable dynamique territorialisée dans le Hainaut autour de notre sujet – affaire à suivre !
Mardi 20 Mai, le Club Noé avait pu inviter ses adhérents engagés comme de simples curieux à échanger autour d’une accroche on ne peut plus importante – Comment pratiquer l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC) sans devoir parler de l’EFC. Sans patauger dans la démonstration du référentiel – sans polluer vos interlocuteurs avec son lexique académique – en restant accessible – sans trahir le concept.
Prochain atelier le Mardi 1er Juillet de 13h à 14h par visioconférence. L’accroche qui vous est à toutes et tous proposée – Comprendre l’EFC avec la poésie. L’économiste Romain Demissy et le poète Thomas Desmoulin ont commis ensemble un ouvrage sur l’EFC – centré sur dix trajectoires d’adhérents du Club Noé. Que vous ayez eu la chance de le parcourir ou non – la lecture de quelques passages sera un parfait prétexte pour discuter des enjeux des nouveaux modèles économiques au temps du déjeuner.
Ne manquez pas cette occasion originale de vous approprier nos points de repère. Plus d’informations et inscription par ce lien !
Un vendredi matin par mois, la communauté des Clubs de l’EFC à l’échelle nationale se rassemble autour d’un témoignage de dirigeant. Le Vendredi 13 juin de 8h45 à 10h par visioconférence, c’est au tour d’un adhérent du Club Noé – Thierry Sustar de l’entreprise Opalean – de partager son expérience autour du travail d’animation de la coopération comme levier de développement économique.
Opalean est une solution numérique conçue pour fluidifier la gestion des palettes dans la chaîne logistique. Trop de pertes de palettes – trop de coûts de remplacement – trop de contraintes – trop de poids environnemental – la solution trouve un écho. L’outil numérique est pertinent et utile.
Mais cette solution ne trouve sens que si elle est partagée. Si un transporteur mobilise l’outil dans son organisation – la performance de son usage va dépendre de l’utilisation d’Opalean par ses parties-prenantes de la chaîne logistique – les quais – d’autres transporteurs – les logisticiens – les industriels. La coopération devient donc un levier de pertinence de la solution – presque une condition – mais aussi le levier du développement économique d’Opalean.
La coopération ne se décrète pas. C’est tout un travail d’animation de la coopération – d’outillage du discours des utilisateurs pour qu’ils puissent devenir de bons prescripteurs – un travail de médiation entre ces acteurs complémentaires que doit mener Thierry Sustar et ses collaborateurs pour développer leur solution. Cette expérience particulièrement servicielle traduit beaucoup de ce que nous essayons d’instruire au Club Noé.
Un témoignage précieux – inscription nécessaire par ce lien !