L'économie de la fonctionnalité et de la coopération

Le pourquoi du comment.

L’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) est un ensemble de clés de lecture. Par de nombreuses portes d’entrées, elles permettent notamment, malgré la résistance de certaines serrures, d’ouvrir le champ des possibles face aux crises économiques, sociales et environnementales de notre temps.

Qu’est-ce qui a de la valeur ? Comment la produit-on ? Voici les questions centrales que pose le concept de modèle économique. À ces questions, l’EFC apporte des réponses en rupture avec les représentations traditionnelles, afin d’engager les acteurs économiques publics et privés vers une trajectoire de développement plus souhaitable.

Redéfinir ce qui a de la valeur.

L’économie de la fonctionnalité et de la coopération est un nouveau modèle économique qui vise à concilier intérêts économiques, sociaux et environnementaux en mettant au centre de l’organisation les effets utiles produits plutôt que la vente en grande quantité de biens ou de services.

En d’autres termes, c’est l’ensemble des transformations qui permettent de sortir d’un modèle centré sur l’accumulation et le volume. L’enjeu est de parvenir à progresser vers un modèle qui redéfinit ce qui a de la valeur et la manière de la produire en fonction de l’utilité du bien ou du service produit.

Pourquoi ?

Le concept d’Economie de la Fonctionnalité et de la Coopération est né de l’observation de ce que conditionne le sujet du modèle économique. Santé au travail, crise environnementale, soutenabilité économique : le parti pris est d’affirmer qu’on ne peut véritablement s’intéresser à ces enjeux sans s’intéresser en profondeur à ce que supposent nos modèles économiques.

Le prisme que formalise cette doctrine qu’est l’EFC défend ainsi l’idée d’une nécessaire crise de la normalité dans nos organisations, nos rapports économiques et sociaux.

Nous, acteurs économiques privés et publics (entreprises, associations, collectivités, universités…), membres d’une communauté de pensée et d’action liée à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, affirmons qu’il n’est plus normal :

  • De produire des biens et des services dans une logique de volume et d’accumulation sans se soucier des impacts sociaux et environnementaux.
  • De résumer la valeur du travail à celle d’une marchandise.
  • Que la logique de marché prédomine dans les enjeux de production et de répartition de la valeur.
  • Que le travail nuise à la santé physique et psychique.
  • Que la capacité à dégager un revenu repose sur un rapport de force.
  • De considérer le travail uniquement comme un coût.
  • De laisser croire que seul compte ce qui se compte, que ce qui ne se compte pas n’a pas de valeur.
  • Que des décisions stratégiques se prennent sans concertation avec les acteurs concernés.
  • Que des activités ne soient pas ancrées sur les territoires.
  • D’attendre des institutions les solutions à mettre en place pour répondre aux crises du modèle industriel.

Comment ?

Depuis plus de 10 ans, dans les Hauts-de-France, l’expérimentation auprès de divers acteurs économiques locaux, nous a permis de formaliser et pouvoir défendre un certain nombre d’affirmations. Ce que nous appelons notre « déjà-là ».

Nous, acteurs économiques privés et publics (entreprises, associations, collectivités, universités…), membres d’une communauté de pensée et d’action liée à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avons fait la preuve qu’il est possible :

  • De se réapproprier la valeur économique et le contenu de notre travail dans une logique de coopération.
  • De concilier intérêt économique, social et environnemental.
  • De remplacer la logique de marché par la coopération.
  • De relocaliser la production de biens et de services à une échelle locale.
  • De sortir d’une logique de rapport de force pour se partager la valeur économique.
  • Que le travail soit facteur de santé (physique et psychique) et d’émancipation.
  • D’innover vers de nouveaux services plus pertinents en développant ses ressources immatériels.
  • De « convertir » des concurrents en partenaires.
  • D’organiser et de faciliter la coopération en interne et entre les acteurs économiques privés et publics d’un territoire.
  • De réorganiser les grandes sphères de notre société (Alimentation, Habiter, Santé, Culture, Energie,…) dans une logique plus durable pour l’homme et son environnement.
  • D’initier des solutions locales, partant des acteurs économiques du territoire, avec l’aide des institutions.

Nous, acteurs économiques privés et publics (entreprises, associations, collectivités, universités…), membres d’une communauté de pensée et d’action liée à l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, avons rendu cela possible grâce à :

  • La production et l’appropriation d’un travail pluridisciplinaire ancré sur l’expérience du travail comme expérience du réel.
  • L’appui et la coopération avec des réseaux et des communautés de pensée et d’action territorialisés déjà constitués.
  • L’animation du débat public autour d’expériences qui révèlent un autre possible souhaitable.
  • La réorganisation de nos structures pour faciliter la coopération en interne et avec des partenaires publics ou privés.
  • La sanctuarisation de temps réflexifs réguliers internes et externes visant à revenir sur la valeur de notre travail et la manière de la produire (autour de la révélation des effets utiles produits).
  • L’accompagnement individuel et collectif d’acteurs économiques publics et privés souhaitant s’engager dans un nouveau modèle économique possible et souhaitable.
  • La constitution d’associations visant à déployer collectivement des solutions durables pour notre territoire autour des grandes sphères fonctionnelles (Alimentation, Habiter, Santé, Culture, Energie, …).
  • Le partage de notre patrimoine immatériel/nos expériences afin de constituer des connaissances et des dispositifs d’accompagnement.

Cette matière, ce projet politique, ce lexique, ces expériences et ces positionnements composent ce que nous appelons l’EFC.