Retour sur notre plénière
Le mardi 31 mai dernier, nous vous proposions une plénière participative, entre table ronde et ateliers d’échanges, autour d’une question centrale : Comment replacer le numérique au service du développement durable ?
Trop souvent, nous considérons le numérique comme quelque chose d’immatériel, sans la moindre empreinte environnementale. Notre dernière plénière a pu démonter cette croyance, mais pas seulement.
Notre plénière débuta par un quiz participatif, durant lequel les différents impacts du numérique et leurs sources furent révélés. Y fut introduit que le numérique contribue à environ 4% de l’empreinte environnementale de l’humanité et correspond à soit 2 à 3 fois l’empreinte de la France*. Ses émissions de gaz à effet de serre sont supérieures à celle de l’aviation civile. Au-delà de la seule consommation d’énergie souvent pointée du doigt, notre activité numérique contribue significativement au changement climatique, au stress hydrique ou encore à l’épuisement des ressources non renouvelables. En polluant l’air, l’eau et le sol, le numérique déstabilise notre biodiversité.

Par exemple, le numérique français est responsable de l’extraction de 4 Milliards de tonnes de terre, hors de nos frontières*. Pourquoi une telle démesure ? Le numérique est loin d’être véritablement immatériel. Derrière chaque appareil, derrière chaque usage mobilisant des équipements numériques, la consommation de ressources est énorme. En atteste la représentation ci-dessous, du poids environnemental de la production d’un ordinateur. Loin de l’équivalence de l’utilisation de 2kg de pommes pour produire 1kg de compote, l’aspect matériel du numérique pose question.

A l’échelle mondiale, on trouve environ 500 équipements utilisateurs (ordinateurs, smartphones, écrans, télévisions, manettes de jeux…) en face de chaque serveur. La matérialité est donc du côté des utilisateurs (et non du côté des centres de données) et les impacts environnementaux associés le sont également. Si la fabrication des équipements des utilisateurs est donc ce qui génère le plus d’impacts environnementaux, elle a également de nombreuses autres externalités du numérique non quantifiées dans notre quiz. Désorientation massive des insectes pollinisateurs, essentiels pour l’équilibre de la vie sur Terre (rien que ça), financement de conflits, travail d’enfants dans les mines ou dans les décharges, inégalités d’accès, bouleversement des relations humaines au profit d’un monde dépendant des écrans, les sujets ne manquent pas.
L’objectif caché de ce quiz, de son mode d’animation qui assume les difficultés de connexion des uns et de prise en main de l’application de vote des autres : démontrer les limites du numérique.
Pour 50 participants à cette plénière ayant pu prendre part à ce quiz de 4 questions, ayant nécessité 4 min par questions, pour 27 min de sensibilisation au total, compte-tenu des temps pédagogiques de la démonstration, une évaluation environnementale simplifiée a permis de révéler un ordre de grandeur des externalités environnementales de cette sensibilisation via un quiz et une présentation en ligne :
- l’énergie primaire qui alimenterait de 8 ampoules de 25 W qui fonctionnent pendant 8h ;
- les gaz à effets de serre équivalent à 7 km de déplacement en voiture ;
- 333 kg de terres excavées, soit les ressources qui permettraient de produire 11 vélos.
Fin mot de l’histoire : Il aurait mieux fallu procéder à de simples votes à main levée.
Cet exercice a pu faire la parfaite transition avec les tensions observées entre numérique et organisation au travail, perception du travail, santé et émancipation au travail.

Adhérent du mois
IT’s on us est un écosystème coopératif de professionnels du numérique, qui accompagnent la transformation du numérique vers des approches plus responsables, sobres, éthiques et utiles, des organisations bénéficiaires. Son dirigeant, Anthony Lecerf, administrateur du Club Noé, a pu animer notre dernière plénière, preuve de plus que nos plus précieuses ressources sont nos adhérents.
S’il existe bel et bien une négation de la pollution numérique, la négation de l’impact du numérique sur ce sujet du travail est un point central de notre propos. Dans une perception classique du numérique, le travail est bien souvent au service de l’outil et non l’inverse. Ce rapport au monde du numérique génère une forme de disparition du travail, par l’automatisation et sa réduction à une somme de tâches. Un réel développement durable ne peut se penser sans aborder ces enjeux de santé et d’émancipation par travail.
Plus encore et à la racine du sujet, les entreprises du secteur du numérique sont trop souvent enfermées dans des modes d’organisation et de production plus ou moins favorables à la coopération, mais aussi à la résolution des problématiques que nous venons d’exposer. Prester la production d’un nouveau site, d’une nouvelle application : voilà comment la marchandise cache le travail réel (l’identification des besoins réels, la mise en place de dispositifs de maintenance spécifiques ect.). Le fait que 7 fonctionnalités sur 10 sont peu ou pas utilisées : voilà comment produire et vendre un char d’assaut pour éliminer une mouche. Voilà comment le modèle de standardisation, de prestation de services qui deviennent alors des quasi-biens, enferme les rapports économiques des acteurs du numérique dans des logiques de volume, dans lesquelles disparait la valeur réelle.
En réalité, replacer le numérique au service du développement durable, c’est concevoir des outils et des services numériques simples et légers qui ne ralentissent pas plus vite que le matériel n’accélère, qui ne génèrent donc pas d’obsolescence prématurée des équipements des utilisateurs, et qui apporte une réelle performance d’usage. Quand ces utilisateurs se servent du numérique pour travailler, replacer le numérique au service du développement durable revient à replacer le numérique au service du travail, et non l’inverse.
Quels nouveaux modèles économiques pour les structures du numérique ? Revivez notre plénière en vidéo pour ne rien manquer des témoignages de nos adhérents qui expérimentent de nouveaux modes d’organisation et de production avec les clés de lecture de l’EFC.
*source : greenit.fr
Agenda de Noé
29 Juin
Atelier découverte
Gratuit et ouvert à tous, un atelier découverte sera animé à distance, de 12h à 13h, pour vous permettre de vous approprier le prisme de la logique servicielle (EFC).
13 Sept
Plénière Noé
Sujet de notre prochaine plénière (17h – 19h suivi d’un buffet dinatoire) coorganisée avec le CERDD et l’APES : Dynamique territoriale et nouveaux modèles.
15 Sept
Atelier à Amiens
Jeudi 15 Septembre à 17h, nous proposons un temps d’échange autour des enjeux de santé au travail et leurs liens avec le sujet des modèles économiques.
20 Oct
Initiation à l'EFC
Durant toute une journée, dans nos locaux Lillois, nous vous proposerons d’analyser votre modèle économique, ses limites et ressources inexploitées, avec les clés de lecture de l’EFC.
Prochaine plénière plus lointaine :
Mardi 13 Décembre (17h - 19h)
Actu adhérents
Quand les adhérents du Club Noé organisent leur propre plénière !
Le Club Noé diffuse les expérimentations que portent ses adhérents, à mesure qu’ils s’emparent des clés de lecture de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération (EFC) et innovent dans le sens de nouveaux modes d’organisation et de production plus durables. Ces temps d’échange et de témoignage œuvrent à générer certaines révélations auprès d’acteurs économiques qui se frottent chaque jour aux limites d’une logique industrielle.
Inspiré par la trajectoire de l’imprimerie Flex’ink, dont le dirigeant témoignait du repositionnement complet de son métier vers une logique servicielle, d’accompagnement de projets d’impression, au-delà de la vente de toujours plus de documents imprimés en dehors de toute mise en contexte de l’usage de ces documents, Benjamin Dequevauviller s’interrogeât. Co-dirigeant de l’agence des métiers du numérique « Les Fabricants« , se posa dès lors la question du travail réel des collaborateurs dans son entreprise.
Par un certain nombre de pas de côté, Les Fabricants ont su prendre du recul sur leur activité, sur ce qu’elle produit réellement. « C’est en vérité tout un travail d’accompagnement, d’incubation, qui représente la valeur réelle de notre travail quotidien, bien au-delà de la production de ligne de code informatique. » affirme Benjamin Dequevauviller, aujourd’hui Administrateur du Club Noé.
Nouveaux modes de contractualisation, mise au travail de la coopération avec les clients, évolution de la perception du travail, de son organisation, mise en place d’une approche réflexive et tant d’autres transformations : l’agence est devenue ambassadrice de l’EFC, inspirée et inspirante.
Fier des transformations observées et impulsées chez ses adhérents, le Club Noé est aujourd’hui aussi fier de voir ses adhérents participer au déploiement de ces sujets.
Les Fabricants ont en effet organisé le Jeudi 9 Juin dernier à la Plaine Images de Tourcoing, un temps de partage et de sensibilisation autour de cette dynamique de développement plus durable, une rencontre arrosée (pas le choix quand les dirigeants sont égalemment brasseurs), autour du sujet du numérique au service des nouveaux modèles économiques. Trois de leurs partenaires ayant égalemment développé des services innovants en ce sens ont pu témoigner de leur trajectoire (IT’s on us, Re-uz et Tomorrow Tech). Merci à eux !

Adhérents du Club Noé, participez aux Trophées de l’EFC 2022 et valoriser votre démarche ! Organisés par l’IEEFC, à l’occasion des Universités de l’EFC, les 6 & 7 octobre, ces Trophées visent à valoriser la diversité des expériences et des innovations avec les clés de lecture de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération : les réussites comme les échecs, celles des pionniers comme celles des aspirants, celles qui prennent du temps et celles qui avancent vite.
Pour participer, il suffit de renseigner la fiche de candidature en ligne avant le 31 juillet en cliquant ici !
Un jury sera constitué pour valider les candidatures et confirmer la catégorie choisie. Les fiches renseignées en ligne seront rendues publiques et les participants aux Universités de l’EFC seront invités à désigner les expériences qui les auront le plus marqués. Les lauréats seront présentés lors de la soirée conviviale du jeudi 6 octobre et Un livret sera envoyé après les Universités de l’EFC à tous les participants.
Les catégories d’innovation mises à l’honneur :
- L’offre servicielle : Logique de performance d’usage.
- L’organisation au sein de l’entreprise.
- La coopération avec les partenaires : Logique d’écosystème coopératif.
- L’effet ciseau : Développement par la sobriété.
- L’échec le plus vertueux : source d’apprentissages.
- Le projet le plus long (il a demandé beaucoup de temps mais ça valait le coup !)
- Le « saut dans le vide » : Une prise de risque, un acte courageux pour affronter l’inconnu.
- L’ambassadeur : J’ai réussi à parler d’EFC et mes interlocuteurs m’ont compris !
- Hors catégorie : Vous ne vous retrouvez pas dans ces catégories, le jury trouvera une solution !

La CCI Hauts-de-France et la MEL nous font le plaisir de porter depuis trois séances de travail collectives, une dynamique d’interclubs sur la métropole lilloise. Clubs d’affaire, réseaux d’entreprises et organisme liés à l’entreprenariat sur notre territoire, le Club Noé se joint à cette dynamique pour rencontrer d’autres réseaux et valoriser nos complémentarités.
Mardi 14 juin dernier, nous avons pu renouveler notre engagement en ce sens. De belles perspectives communes en devenir, au service de la coopération entre nos réseaux.
Librairie de Noé
Le choix : Souffrir au travail n'est pas une fatalité
Christophe Dejours, spécialiste en psychodynamique du travail, psychiatre, psychanalyste et professeur de psychologie, ose affirmer que non : souffrirai au travail n’est pas une fatalité. Choisir d’autres modes d’organisation et de production est possible, d’autres prisme plus favorables à la santé et l’émancipation au travail. Forcément, l’économie de la fonctionnalité et de la coopération y a tout à voir. Christian Du Tertre, Directeur scientifique d’ATEMIS, laboratoire de recherche et d’intervention à l’origine du concept d’EFC, économiste, et professeur des Universités, participe d’ailleurs à cet ouvrage.
Nous avons le choix : maintenir des méthodes gestionnaires qui détruisent les êtres humains et avec eux, une partie de la valeur, ou reconnaître la place essentielle de la subjectivité dans les activités de production, en particulier dans les services, et répondre, d’un même geste, à la souffrance psychique et à la crise économique.
Actu territoriale
L'EFC dans le Ternois
L’Agora du Ternois vient de vivre sa première assemblée générale et organise en ce moment même un événement “Formid’Albe“ qui a pour ambition de mettre en mouvement le territoire de Saint-Pol-sur-Ternoise et plus de 100 structures vers un avenir durable.
Même si elle n’existe “institutionnellement“ sous la forme associative que depuis un an, l’Agora est née en 2018 avec la dynamique de 6 membres très engagés. Elle compte aujourd’hui une quinzaine de profils très variés, parmi lesquels la Mairie de Saint-Pol, un notaire, des industriels, une école de cirque, une ressourcerie ou encore un journal local. Tous travaillant à la transformation de leur modèle économique de manière individuelle, mais également collective : avec de l’entraide et un travail en effet miroir permettant de mieux appréhender les modèles ; avec des coopérations internes permettant de faire émerger des projets innovants ; ou encore en coopérant avec des acteurs de l’écosystème Noé.
Cette communauté d’acteurs privés et publics a déjà démontré sa capacité à innover et à engager ces citoyens dans une logique durable avec la création en 2020 des Polopolos, monnaie locale (ou bons d’achats) soutenant l‘activité de proximité pendant la crise sanitaire.
L’Agora ne se prive d’aucun sujet et a pour volonté de coopérer pour apporter des solutions durables dans les domaines de l’alimentation, de la santé, l’habitation, la culture, la mobilité, et le vivre ensemble.
ressource à la une
Adhérer au Club Noé : C’est quoi au juste ?
- C’est être un acteur économique (des Hauts-de-France) engagé à expérimenter avec les clés de lecture de l’Economie de la fonctionnalité et de la coopération.
- C’est expérimenter collectivement de nouvelles formes d’organisation et de production répondant aux limites économiques, sociales et environnementales de notre temps, dans une perspective de développement durable.
- C’est bénéficier d’un entretien individuel, permettant d’établir une feuille de route, avec des premiers axes de travail.
- C’est accéder à, au moins, trois plénières par an, ainsi qu’aux Universités annuelles de l’EFC, permettant d’explorer différentes facettes de l’EFC et d’échanger avec le collectif.
- C’est disposer, à volonté, des ressources permettant de comprendre et expérimenter les concepts : capitalisation des expériences et référentiels thématiques.
- C’est bénéficier de mises en relation ciblées au service de ses projets : autres membres dont l’activité peut être complémentaire, dispositifs d’accompagnement ou encore soutien à l’expérimentation.
- Ou encore avoir la possibilité d’initier et de former son écosystème (partenaires, collaborateurs…) à l’EFC, grâce aux Ateliers découverte et Journée d’initiation.
- Le Club est ainsi garant de la coopération dans sa communauté d’action et de pensée et accompagne ses adhérents dans leur transformation.
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