Les intérêts économiques, les enjeux sociaux et les impératifs environnementaux ne convergent pas naturellement. Le modèle économique actuel n’arrive pas à les concilier. Cela devient de plus en plus flagrant au regard des urgences écologiques, sociales et économiques de notre temps.
C’est un échec de la politique économique actuelle !
Beaucoup d’alertes sont lancées par la communauté scientifique sur le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, mais aussi sur la santé et notre avenir, qui interrogent ce modèle productiviste au regard de ses impacts, ses externalités. Aujourd’hui l’environnement est pris en otage, sa prise en compte est considérée comme un coût que l’on traîne, un frein au développement économique des entreprises.
Le besoin se fait ressentir d’une économie replacée au service des Hommes et la Nature.
Changer de modèle économique, avec l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, c’est se permettre d’inverser ce rapport à la responsabilité sociale des entreprises, de ne plus devoir inévitablement considérer la prise en compte d’enjeux sociaux et environnementaux comme de simples suppléments d’âme, mais comme des avantages stratégiques dans une perspective de développement économique durable.
Bon nombre d’économistes s’accordent sur la probabilité de ne plus pouvoir espérer une croissance importante. Qu’il nous faut changer de paradigme. En marge des grands groupes aux résultats démesurés, un grand nombre de petites et moyennes d’entreprises peinent à se développer, à créer des emplois et à en sauver. Enfermées dans un modèle ou la seule manière de se développer est de produire toujours plus, à des prix toujours plus en plus bas, elles ne peuvent engager le rapport de force face aux géants.
Dans une logique industrielle, la valeur est forcement mesurable et, bien souvent, est centrée sur des ressources matérielles, définit par une quantité de biens ou de services vendus. On parle de transaction marchande entre une quantité de pommes et sa valeur monétaire par rapport aux prix du marché, à l’offre et la demande. Cette valeur ne repose pas sur la valeur d’usage, c’est-à-dire l’utilité de ce produit, comme sa valeur nutritionnelle, le fait qu’il favorise le santé, la vitalité … Puisque ces effets utiles ne sont pas liés à sa valeur marchande, ils sont invisibles ou accessoires face à l’attrait du prix le plus bas.
La prise en compte des effets de la production sur l’environnement et autres externalités sont considérés comme des coûts, des freins à la logique de production de volumes et aux résultats financiers. Puisqu’il faut produire plus pour gagner plus, la qualité fait l’objet d’arbitrage constant pour maintenir des coûts bas. Dans cette logique de gestion, les accommodements favorisent des produits de moindre qualité, poussent à la délocalisation, à la réduction d’effectifs avec les effets négatifs que cela génère sur les territoires et l’emploi.
Parallèlement, l’urgence sociale s’accentue à mesure que le modèle industriel s’essouffle. La qualité et le sens du travail sont impactés. Dans cette logique financiarisée, l’évaluation individuelle du travail par des indicateurs de performances quantifiables centrées sur la baisse des coûts ne permettent pas d’évaluer le travail réellement réalisé, ni sa qualité en termes d’effets utiles. Les efforts fournis et la qualité du travail réalisé par les salariés sont ainsi peu reconnus. Les gains de productivité se fondent notamment sur une intensification du travail.
Changer de modèle économique, avec l’économie de la fonctionnalité et de la coopération, c’est tendre vers l’évaluation du travail réel et ses effets utiles, c’est remettre le travail au centre de la création de valeur et c’est organiser le travail pour développer la coopération entre les acteurs.
En d’autres termes, il s’agit de penser le travail comme facteur d’émancipation et de santé.